18 décembre 2009

Chroniques nantaises




19/12/2009: nous participons au rassemblement Pour le droit au logement, au Château des Ducs de Bretagne (Sur la banderole est écrit : Sans Toit...c'est pas la vie de château!!)

la veille, (photos au dessus)...il neigeait sur Nantes (photo du milieu prise à 8h30 de notre appart)

Et oui...c'est donc bien à Nantes que nous avons posé nos valises;
et où nous allons tenter de construire notre nid !

Nantes : une ville à dimension humaine
...
Après 4 mois d'habitation, nous ne sommes pas encore Nantais, mais presque...
Ici, contrairement à d'autres villes françaises - par ex. Lyon, Bordeaux, Marseille,Toulouse - nous ne nous sentons pas trop "étrangers", même si nous venons d'arriver...il n'y a pas trop de "patriotisme local", à Nantes.
Et souvent c'est nous qui vantons - aux Nantais de souche - les mérites de la ville...

Pourquoi aimons nous cette ville ?

Parce que c'est une ville à dimension humaine...au point de vue superficie, nombre d'habitants...
(Nous parlons, évidemment, de la ville de Nantes (290 000 hab) et non pas de Nantes-Métropole qui est une création administrative (regroupement de 24 communes)...Comme il l'est écrit sur le site Ville de Nantes "Avec 590000 habitants - dont 290 000 résidants dans la ville-centre - Nantes Métropole s’affiche comme la sixième agglomération française. Depuis les années 1990, la communauté urbaine de Nantes a connu un essor démographique important, enregistrant l’un des plus forts taux de croissance des grandes métropoles françaises."
Nous vivons donc dans la "ville-centre" de Nantes...dans un quartier proche du centre historique, touristique et commercial...et proche d'un Parc et de la "campagne"...
En plus, Nantes est une ville accueillante pour les piétons et les vélos (personnellement nous ne sommes pas très vélos!) et où il existe aussi un réseau de transports publics efficace (Tramways, Bus...).

...Nantes, une ville active, où il existe d'autres pôles d'activité que la production et la consommation.
Certes, la gestion "socialiste" de la ville (depuis 20 ans me semble t-il) a du contribuer au maintien d'équipements publics de base d'ordre socio-culturels : par ex une des Bibliothèques Publiques (http://www.nantes.fr/culture/bibliotheques-municipales.html ) les plus importantes que je connaisse depuis celles de Paris...
Et comme nous habitons à 1/4 d'h à pied de la Médiathèque Jacques Demy, c'est un lieu que nous fréquentons beaucoup, et où nous nous alimentons en livres, CD audios et DVD...

Mais ce qui nous frappe à Nantes, c'est le nombre très important d'activités issues du milieu associatif...
Ex en matière culturelle : Nantes-Histoire (http://www.nantes-histoire.org/) association qui réunit tous les lundis soirs 500 personnes dans un amphithéatre de la Fac de Médecine et Pharmacie...pour un Cours sur "La Chine et nous"...passionnant...
...il y a aussi de grosses associations issues du passé "ouvrier" de la ville...par ex la Maison des Hommes et des techniques ( http://www.maison-hommes-techniques.fr/ ) association créée par d'anciens salariés et syndicalistes des chantiers navals...

Sur le plan politique - indépendamment des partis - il existe aussi un tissu associatif souvent plus dynamique que dans la moyenne des villes de Province (par exemple en matière de solidarité avec les étrangers...).
Par exemple, au sein de la Maison des Citoyens du Monde http://www.maisondescitoyensdumonde.org/ (qui est juridiquement une association dont les membres sont des associations ). Cet espace se trouve tout près de notre quartier, et c'est là que se déroule le Café citoyen...

Bref, nous aimons bien cette ville parce que nous nous y sentons bien et que nous y avons rencontré beaucoup de gens avec qui nous pouvons avoir des activités sociales en dehors de la sphère production-consommation...
- Cours de français aux demandeurs d'asile...
- Amap
- Café citoyen, Repaire de là bas de Nantes,
- Cours de Nantes-Histoire
etc... etc...

et il y a même des cinémas d'Art et d'essai (Le Cinématographe, Le Concorde, Le Katorza) qui nous permettent d'aller encore régulièrement voir des films sur Grand Ecran... (pas aussi souvent qu'à Montevidéo...mais pour une ville de province en France c'est pas mal du tout).

Et puis, dernier atout de Nantes : c'est une jolie ville...vous pourrez le vérifier en allant voir quelques photos perso à l'adresse suivante : http://picasaweb.google.com/EtienneetEdwige

8 octobre 2009

Nouvelles aventures...en France métropolitaine



Après plus de 2 ans de pérégrinations depuis notre départ de la Réunion, nous avons senti le besoin impérieux de poser nos valises en un lieu accueillant, de nous réinserrer dans un biotope correspondant à notre culture - occidentale - et à notre milieu social, afin de nous ressourcer, réfléchir...et, qui sait, s'installer...? se poser ?
Mais au fait, où sommes nous ?
Le lecteur devra deviner à partir des indices suivants :
Je suis une ville moyenne au sud-Ouest de Paris, au bord de la Loire, à 2h de Paris en TGV.
(Ville moyenne, à l'échelon européen, métropole régionale-environ 600 000 habitants-à l'échelle de la France.)
Ville très active, très dynamique, au tissu associatif riche : dès notre arrivée, par exemple,nous avons croisé, la "Maison des citoyens du monde" et l'espace Cosmopolis où se déroulent, jusqu'au 18 octobre, une exposition et des conférences-débats + films autour du thème "SENEGAL, l'homme et la mer" (excellente transition, pour nous, après les 8 mois passés à Richard Toll)...
Nous avons aussi, facilement, trouvé le "Repaire" des amis de Là-bas si j'y suis (une fois par mois, le 3è vendredi du mois, au Bar le Melies - rue des carmelites)...
De plus, à peine arrivés, nous participons au démarrage d'une nouvelle AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) - en centre ville, à quelques encablures de notre domicile - : la 1ère distribution de paniers était hier...
Ici, les voitures individuelles ne font pas la loi dans l'espace public; nous nous déplaçons facilement en autobus ou en tramway.
Une ville "voiturophobe"... pour nous, c'est idéal!
Par ailleurs, c'est aussi une ville qui aime les livres : elle dispose de nombreuses bibliothèques de quartiers et la Médiathèque du centre ville - de chez nous 10 minutes à pied - dispose d'un fonds exceptionnel.
En outre, côté histoire cette ville n'a rien à envier à Paris : capitale d'un Duché au Moyen âge; à partir du XVIIè siècle une importante classe bourgeoise s'y est créée, qui a construit sa fortune sur le commerce colonial et la traite négrière. Puis elle est devenue aux 19è et 20è siècle une ville industrielle importante...Aujourd'hui il ne reste plus guère d'industries ni d'ouvriers...mais la ville reste marquée par son passé de ville "coloniale", dans sa population, dans sa culture, dans son architecture...

Deux indices supplémentaires, pour ceux qui hésitent encore:
sur la photo ci dessus, prise depuis notre terrasse, on aperçoit au centre, un des monuments-symboles du passé industriel de la ville, devenu Bien public municipal, patrimoine de la ville : une grue Titan...
Enfin, deux personnages importants de la "culture" française y sont nés et y ont puisé une grande partie de leur inspiration : Jules Vernes...et Jacques Demy !

Vous aurez compris, à travers cette description subjective et personnelle, que nous avons l'impression - après 1 mois - d'avoir trouvé la perle rare !
A propos, avez vous deviné dans quelle ville nous nous sommes installés ?

5 juin 2009

Reflexions sur l'émigration clandestine des sénégalais vers l'Europe


Rescapé à l'arrivée sur une plage des Canaries

L'émigration clandestine des sénégalais:
un phénomène marginal ?


Oui...si l'on considère uniquement les chiffres bruts : Selon les statistiques, il y aurait environ 15 000 arrivées clandestines de sénégalais par an (en Espagne - chiffres de 2006) et on évalue - début 2009 - à 1500 personnes le nombre annuel de "disparus"...parmi les sénégalais ayant tenté le voyage par la mer.

Donc si l'on s'en tient aux statistiques - et même si on double les chiffres pour tenir compte de l'émigration vers l'Italie (1ère destination des migrants sénégalais) - il faut reconnaître que, sur une population totale comprise entre 10 et 11 millions de personnes, avec une démographie galopante (on prévoit près de 12 millions en 2010 et plus de 14 millions en 2020 ; chaque année il y a 200 000 jeunes supplémentaires sur le marché de l'emploi )...
le phénomène migratoire clandestin paraît très marginal !

Phénomène marginal ?
oui, apparemment, si l'on considère la place que ce "sujet" - ce problème - occupe dans les Médias ou dans les conversations, les discussions que l'on peut avoir avec les sénégalais (Pendant les 6 premiers mois de notre séjour...pas un seul article sur le sujet, pas une seule discussion...)

Et pourtant ?

Mbëkë mi : à l’assaut des vagues de l’Atlantique - c'est le titre d'un livre d’Abasse Ndione publié fin 2008. Mbëkë, ça veut dire "Emigration" en Wolof...

Extrait : " Mbëkë mi , c’est avant tout « le coup de tête » sur lequel on part, défiant tous les périls ; et c’est devenu, tant elle est folle à accomplir, « la traversée » des milliers de jeunes Africains,tournant le dos à la misère et à la désespérance, fuyant ainsi leur pays en pirogue..."

A lire sur le site seneweb l'article concernant ce livre d'Abasse Ndione...

[NB:lire également les commentaires concernant le livre précédent d'Abasse Ndione - le très bon RAMATA , dont semble t-il un réalisateur congolais vient de faire une adaptation cinématographique présentée au dernier festival Fespaco à Ouagadougou).]

Pendant les 6 premiers mois de notre séjour ici, nous n'avons eu aucun écho, aucune discussion avec personne concernant ce problème d'émigration clandestine massive...en mars 2009 lorsque nous sommes allés à
Dakar, nous avons acheté les 3 livres de Abasse Ndione; mais c'est seulement en avril qu'on lira " Mbeke mi "...
...un court récit -sans fioriture - racontant "l'aventure" d'un groupe d'une quarantaine de personnes, essentiellement des villageois originaires d'un village situé dans la région de Matam sur les bords du Sénégal...groupe qui a tenté la traversée en pirogue à partir de Dakar...jusqu'aux Canaries...et dont les survivants ont pu raconter leur "aventure"...
Tout est dit en quelques mots...sans pathos, sans analyse politique...Juste le vécu de quelques uns des passagers rescapés...

En mai 2009 pendant quelques jours, s'est tenue à St Louis une exposition sur le thème de l'Emigration clandestine organisée par le centre culturel... espagnol...
Curieusement, l'exposition portait le même titre que le roman d'Abasse Ndione.

Nous n'avons, malheureusement pas pu voir cette exposition qui n'a duré qu'une semaine, à St Louis...

Pourtant, à partir de cette date, nous avons commencé à entendre parler de plus en plus souvent de cette question de l'émigration clandestine vers l'Europe...
notamment au départ de Saint Louis. Jusqu'alors, il nous semblait que le phénomène était plutôt "marginal"...et concernait surtout les Dakarois...

Et puis lors d'un séjour un peu prolongé au faro di Barbarie, chez nos amis espagnols - Carmen y Jai [NB : qui ont ouvert en fevrier 2009 un nouveau "campement" sur la langue de barbarie, un endroit magique que nous avons découvert récemment (un peu par hasard lorsque Elsa et Eduardo sont venus faire un peu de tourisme dans notre région) ] - donc, nous parlons avec Carmen de ce problème d'émigration clandestine vers les Canaries...et elle nous dit, en nous montrant le petit village de Gandiol...de l'autre côté du fleuve : "Tu sais, j'ai vu il y a peu de temps un départ de pirogue...d'ici (Nb : à 30 kms de l'embouchure du fleuve)...et les passagers n'ont pas pu partir ce jour là, car la police est intervenue; mais il y a des départs régulièrement...d'ici; et l'année dernière ( ce sont les employés de leur Campement, originaires du village qui l'ont raconté ) une pirogue est partie avec 80 personnes du village... dont il n'y a plus de nouvelles...ils ont disparu en mer !"

Après la lecture du récit d'Abasse Ndione, après le témoignage des habitants de ce petit village de Gandiol...qui envoient régulièrement des dizaines de jeunes en Europe...au péril de leur vie (et ils ont déjà payé le prix fort)...il était difficile de continuer à penser que c'était un phénomène marginal!

L'émigration clandestine: sujet tabou ?

Il paraît qu'il existe un vieux proverbe "africain" qui dit :"Celui qui veut s'enrichir doit aller à l'Etranger". (Source: L'Afrique, le fric, la France - J-P Gourevitch Ed.Le Pré aux Clercs 1997 p 216)

Donc, pour les sénégalais - dont 90 % ont chez eux des conditions de vie très dures, très difficiles - émigrer c'est quelque chose de "normal", quelque chose qu'il faudra peut être (Inch'Allah ! ) faire une fois dans sa vie !

Dans une "communication" - très universitaire, mais fort documentée, donc fort interessante - Mr Cheikh Oumar Ba, sociologue, professeur à l'Université de Dakar, explique en juin 2007 que " Traditionnellement pays d'immigration (!) le Sénégal est devenu un pays d'émigration au début des années '80...Depuis le milieu des années '80, l'Europe du Sud, essentiellement l'Italie, constitue le nouveau champ migratoire du Nord...au détriment de la France, jusque là principal pays d'accueil des sénégalais. A partir de 2000, avec le durcissement des politiques migratoires et l'externalisation de la gestion des frontières des pays de l'espace Schengen, les flux migratoires sont devenus essentiellement illégaux et ont choisi comme porte d'entrée en Europe, l'Espagne..."

NB : Ce document est disponible integralement sur internet, telechargeable en format PDF - titre du document : Barça ou barzakh : la migration clandestine sénégalaise vers l'Espagne entre le Sahara Occidental et l'Océan atlantique - Source : www.casaarabe-ieam.es

http://publicaciones.casaarabe-ieam.es/textos_de_casa_arabe/20070608ba_FR.pdf


L'EMIGRATION CLANDESTINE : un maillon de la mondialisation

Le 20 mai 2009...est publié sur un site web d'information spécialisé sur le Sénégal un article caractéristique de l'hypocrisie du discours des hommes politiques (Source : L'observateur)

" INERTIE SUR LE PROBLEME DE L’EMIGRATION CLANDESTINE: L’Union Européenne tance le Sénégal.

L’Union européenne s’indigne de l’inertie du gouvernement sénégalais devant la tragédie que constitue l’émigration clandestine."


L'Hypocrisie de l'Union européenne

http://www.xibar.net/INERTIE-SUR-LE-PROBLEME-DE-L-EMIGRATION-CLANDESTINE-L-Union-Europeenne-tance-le-Senegal_a16432.html

Pourquoi disons nous qu'il s'agit (de la part de l'Union européenne) d'un discours totalement "hypocrite" ?

Parce que l'Union européenne est la première responsable de la situation.

Parce que ce sont les gouvernements des pays de l'Union et la Commission européenne (avec l'accord du Parlement européen...) qui ont transformé l'Europe en une forteresse inaccessible ou presque...

Parce que, en fait, les dirigeants politiques de "presque" tous les pays sont complices d'avoir créé une "société mondiale" dans laquelle le bien-être de la société s'appelle PIB ou PNB par habitant et se calcule en dollars ou en Euros..,

Ils sont complices - au sein d'une oligarchie mondiale - d'avoir créé un "Monde" dans lequel les capitaux et ceux qui en possèdent, peuvent circuler facilement, sans se préoccuper des frontières, et les "travailleurs" - les autres habitants de la planète - ne peuvent pas circuler librement, se déplacer en dehors de leur pays...

Ils ont créé un monde dans lequel certains pays (comme le Sénégal et l'Afrique en général) sont des pays fournisseurs (de matières premières, de main d'oeuvre...) et d'autres pays fabriquent et vendent...

Et tout ceci ne date pas d'aujourd'hui, ni même des années '80 (du XXè siècle)...
Ce phénomène de mondialisation a commencé au XVIè siècle, il s'est affiné avec le système colonial et il n'a pas cessé avec les-soit disant- "indépendances" (que d'aucuns appellent à juste titre Néocolonialisme).

Le Senegal est considéré par les "décideurs" de cette "oligarchie mondiale" comme un pays exportateur de main d'oeuvre(pas chère) et importateur de produits finis (chers en principe)...
Les sénégalais n'ont pas chez eux les moyens de s'enrichir...à la façon des occidentaux...seul moyen de s'acheter les produits finis (ou les nouvelles technologies) qu'on veut leur vendre...
Sauf...pour l'oligarchie locale - une toute petite minorité, complice du système, qui en vit en se sucrant sur toutes les transactions (corruption à tous les étages...).

C'est pourquoi les gouvernements sénégalais - socialistes ou néolibéraux - encouragent à la fois, les "Investissements exterieurs" et "l'Emigration des jeunes":

- les "investissements exterieurs"...qui sont en fait un feu vert donné aux multinationales pour s'enrichir en exploitant main-d'oeuvre et ressources du pays...qui ne rapportent rien aux populations locales ( sauf des salaires de misère...) mais beaucoup aux membres de l'oligarchie locale qui se sucrent au passage !

- l'émigration de leur population, la fuite des cerveaux et de tous ceux qui peuvent aller travailler à l'exterieur et envoyer au Senegal de l'argent en devises !! Devises, sur lequel évidemment ils se sucrent aussi : l'argent envoyé par les sénégalais vivant à l'exterieur du Sénégal représenterait presque 7% du PIB (500 millions de dollars en 2004)...

Alors finalement, on vous l'avait bien dit qu'il s'agissait d'un problème marginal!!
Qu'est ce que représentent les 3000 décés annuels de migrants ?
Juste quelques "dégats collatéraux" du système de la " mondialisation heureuse" !!


1 avril 2009

France: Résister à la fascisation rampante


Crowd Target (source photo strategies planétaires)

Objectif chiffré de reconduites à la frontière
pour 2010 : 28 000
Objectif chiffré d’interpellations d’aidants pour 2010 : 5 500
(source : Loi de finances 2009)

Site des "délinquants solidaires" co-organisateurs de la journée du 8 avril 2009
"Si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit!"


Affaire Julien Coupat

Depuis plus de 4 mois un jeune "marginal" est retenu en prison...alors que le dossier de l'accusation est vide!
Rappel : le 11 novembre 2008 la ministre de l'interieur annonçait avec fierté que la police avait démantelé une "cellule de l'ultra gauche", soupçonnée d'avoir commis des "actes terroristes" (notamment des "sabotages" sur le réseau TGV...).

Nous publions ci dessous dans son intégralité la lettre ouverte des 8 compagnons de Julien Coupat qui reste le seul des neuf "ex supposés- terroristes" à être encore maintenu en prison...sans aucun autre élément à charge dans le dossier...après presque 5 mois d'enquêtes.

Lettre de 8 des 9 inculpés de l’affaire de Tarnac, à leurs juges.
Lundi 16 mars 2009

Voilà quatre mois que le feuilleton médiatico-judiciaire intitulé l’ "affaire de Tarnac" ne cesse de ne plus vouloir finir. Julien (Coupat) va-t-il sortir à Noël ? Pour le Nouvel An ? Aura-t-il plus de chance vendredi 13 ? Non, finalement on le gardera encore un peu en prison, enfermé dans son nouveau rôle de chef d’une cellule invisible. Puisqu’il semble que quelques personnes aient encore intérêt à faire perdurer cette mascarade, même au-delà du grotesque, il va nous falloir endosser, encore une fois, le rôle que l’on nous a taillé ("les 9 de Tarnac"), pour un nécessaire éclaircissement collectif. Alors voilà...

Primo. Pendant que des journalistes fouillaient jusque dans nos poubelles, les flics reluquaient jusqu’à l’intérieur de nos rectums. C’est assez désagréable. Depuis des mois vous ouvrez notre courrier, vous écoutez nos téléphones, vous traquez nos amis, vous filmez nos maisons. Vous jouissez de ces moyens.

Nous, les neuf, nous les subissons, comme tant d’autres. Atomisés par vos procédures, neuf fois un, alors que vous, vous êtes toute une administration, toute une police et toute la logique d’un monde. Au point où nous en sommes, les dés sont un peu pipés, le bûcher déjà dressé. Aussi, qu’on ne nous demande pas d’être beaux joueurs.

Deuzio. Bien sûr vous avez besoin d’"individus", constitués en "cellule", appartenant à une "mouvance" d’une fraction de l’échiquier politique. Vous en avez besoin, car c’est votre seule et dernière prise sur toute une part grandissante du monde, irréductible à la société que vous prétendez défendre. Vous avez raison, il se passe quelque chose en France, mais ce n’est certainement pas la renaissance d’une "ultragauche". Nous ne sommes ici que des figures, qu’une cristallisation somme toute plutôt vulgaire d’un conflit qui traverse notre époque. La pointe médiatico-policière d’un affrontement sans merci que mène un ordre qui s’effondre contre tout ce qui prétend pouvoir lui survivre.

Il va sans dire qu’à la vue de ce qui se passe en Guadeloupe, en Martinique, dans les banlieues et les universités, chez les vignerons, les pêcheurs, les cheminots et les sans-papiers, il vous faudra bientôt plus de juges que de profs pour contenir tout ça. Vous n’y comprenez rien. Et ne comptez pas sur les fins limiers de la DCRI pour vous expliquer.

Tertio. Nous constatons qu’il y a plus de joie dans nos amitiés et nos "associations de malfaiteurs" que dans vos bureaux et vos tribunaux.

Quarto. S’il semble aller de soi pour vous que le sérieux de votre emploi vous amène jusqu’à nous questionner sur nos pensées politiques et sur nos amitiés, nous ne nous sentons pas, quant à nous, le devoir de vous en parler. Aucune vie ne sera jamais absolument transparente aux yeux de l’Etat et de sa justice. Là où vous avez voulu y voir plus clair, il semble plutôt que vous ayez propagé l’opacité. Et l’on nous dit que, désormais, pour ne pas subir votre regard, ils sont toujours plus nombreux ceux qui se rendent à des manifestations sans téléphone portable, qui cryptent les textes qu’ils écrivent, qui font d’habiles détours en rentrant chez eux. Comme on dit : c’est ballot.

Quinto. Depuis le début de cette "affaire", vous avez semblé vouloir accorder beaucoup d’importance au témoignage d’un mythomane, aussi appelé "sous X". Vous vous obstinez, c’est courageux, à accorder un peu de foi à ce ramassis de mensonges, et à cette pratique qui a fait l’honneur de la France il y a quelques décennies - la délation. C’en serait presque touchant, si ça ne conditionnait pas l’accusation de chef à l’encontre de Julien, et donc son maintien en détention. Si ce genre de « témoignage » ne justifiait pas des arrestations arbitraires – à l’occasion, par exemple, de quelques balles envoyées par la Poste, ou sur la police, dans l’Hérault, ou à Villiers-le-bel.

Enfin, étant entendu que la marge de liberté qu’il nous reste est désormais fort réduite, que le seul point à partir duquel nous pouvons nous soustraire à votre emprise réside dans les interrogatoires auxquels vous nous soumettez à intervalles réguliers. Que Julien s’est déjà vu refuser quatre demandes de remise en liberté. Qu’il est notre ami. Qu’il n’est rien de plus que ce que nous sommes. Nous décidons qu’à partir de ce jour, dans l’héroïque tradition d’un Bartleby, "nous préférerons ne pas". En gros, nous ne vous dirons plus rien et cela jusqu’à ce que vous le libériez, jusqu’à ce que vous abandonniez la qualification de chef pour lui et de terrorisme pour nous tous. En résumé, jusqu’à ce que vous abandonniez les poursuites.

Pour tous ceux qui, là où ils sont, se battent et ne se résignent pas. Pour tous ceux que le ressentiment n’étouffe pas et qui font de la joie une question d’offensive. Pour nos amis, nos enfants, nos frères et nos soeurs, les comités de soutien. Pas de peur, pas d’apitoiement. Pas de héros, pas de martyrs. C’est précisément parce que cette affaire n’a jamais été juridique qu’il faut transporter le conflit sur le terrain du politique. Ce que la multiplication des attaques d’un pouvoir toujours plus absurde appelle de notre part, ce n’est rien d’autre que la généralisation de pratiques collectives d’autodéfense partout où cela devient nécessaire.

Il n’y a pas neuf personnes à sauver mais un ordre à faire tomber.

Aria, Benjamin, Bertrand, Elsa, Gabrielle, Manon, Matthieu, Yldune sont, avec Julien Coupat, mis en examen dans l’"affaire de Tarnac".

(Lettre ouverte publiée aussi dans le journal Le Monde, du 17 mars 2009).

Pour en savoir plus, aller sur le Site du comité de Soutien aux inculpés du 11 Novembre (dits les « 9 inculpés de Tarnac (11 nov 2008)


Pour que la solidarité ne soit pas un délit !

Le 8 avril prochain, les français sont appelés à se mobiliser pour protester contre ce qui constitue aujourd'hui un nouveau délit : Le « Délit de solidarité »
Aujourd’hui, en France, il est devenu criminel d’accueillir, d’accompagner, ou seulement d’aider une personne en situation irrégulière…..

Le 18 février 2009, à 7 h 45 du matin, la police frappe à la porte d'une bénévole aux Restos du cœur et à l’association Terre d’errance. Depuis deux ans et demi, cette femme organise les dons de nourriture et d’habits pour les migrants qui errent autour de Calais dans l’espoir de passer en Angleterre. Elle recharge aussi leurs portables. Les policiers lui on dit : "on vient vous chercher pour vous mettre en garde à vue, pour flagrant délit d’aide aux personnes en situation irrégulière".

L'interpellation le 16 février 2009 d'Hamid, un sans-papier accueilli par la communauté Emmaüs de Marseille Pointe-Rouge, s'est transformée le 17 février 2009, en opération policière dans cette communauté. Ainsi, sur décision du parquet de Marseille une perquisition a eu lieu dans la dite communauté Emmaüs aux fins de recenser la présence d'éventuels compagnons sans papiers. Dans le même cadre, Kamel un responsable de la communauté a été mis en garde à vue pendant 6 heures le 17 février.

Ces faits s’ajoutent à une liste déjà longue de militants associatifs ou de citoyens ordinaires poursuivis pour avoir manifesté leur solidarité ou agi avec humanité à l’égard de migrants privés du droit au séjour...

Pour en savoir plus sur la journée de mobilisation :
http://www.cimade.org/nouvelles/1497-D-lit-de-solidarit----journ-e-de-mobilisation


PS : Ca n'a rien à voir avec le sujet, mais...
concernant la situation au Soudan, nous signalons un point de vue très éloigné du concert de la "désinformation" médiatique (génocide au Darfour, "Save the Darfour", Cour Pénale Internationale etc...)

Sous le titre : crise au Darfour- Faim, sang et Petrole, vous trouverez un interview très interessant publié récemment sur le site – rénové - de Michel Collon (Investig'Action) . Lire l'article sur
http://www.michelcollon.info/index.php?view=article&catid=6&id=1973&option=com_content&Itemid=11

29 mars 2009

On ne perd pas à tous les coups !!


Un peu d'humour dans ce monde de brutes...!!


La lutte des classes c'est la guerre des riches contre les pauvres..."et nous sommes en train de la gagner" disait le milliardaire Warren Buffet il y a quelques mois, au moment même où les Etats Unis commencaient à s'enfoncer dans une crise économique dramatique...

Et pourtant, "on ne perd pas à tous les coups"...dixit Daniel Mermet !


«Les Patrons ont besoin des travailleurs, les Travailleurs n'ont pas besoin de patrons »

Grève générale : En France, les guadeloupéens ont montré la voie à suivre
!

Jeudi 05 mars 2009
Après 44 jours de grève générale, le LKP a signé avec l'État un protocole de suspension de conflit dans le département d'outre-mer. Elie Domota, porte-parole du collectif, a appelé dans la foulée à "une reprise de l'activité" dans l'île (France 24)

C'est la fête à Là-bas si j'y suis...
Après 44 jours de grève générale, c’est un conflit sans précédent qui prend fin en Guadeloupe, même si les négociations et la mobilisation continuent.
"C’est une étape" affirme Elie Domota, porte-parole charismatique du LKP, "mais le combat continue". Du code noir au code barre, c’est une longue lutte pour la dignité que mènent les guadeloupéens, et pour une restructuration radicale d’un système qui fait d’eux "des tubes digestifs". Des résultats encourageants pour la Martinique, la Guyane et la Réunion qui poursuivent, eux, la grève.

Quelques jours avant, Daniel Mermet et Antoine Chao étaient sur place, en reportage, et avaient pu interviewer le leader du LKP
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1621

Et à la Réunion... ? ça commence aussi à s'organiser !

Sur le site d'AID
le point au 10 mars...

25 fevrier 2009
Interview d'un jeune enseignant sympathisant du syndicat CNT
Source : http://www.cnt-f.org/international/spip.php?article309

En écho à la grève générale aux Antilles, la Réunion se réveille aussi. Entretien avec Patrice, enseignant à l'Ile de la Réunion et sympathisant CNT.

Quelle est la situation sociale à la Réunion ?
Patrice: Officiellement le taux de chômage était de 24, 5% au 2e semestre 2008 (mais 49% pour les moins de 25 ans ; 26,5% pour les femmes). La Réunion comptait à cette date 78000 chômeurs (au sens du BIT), soit près d’un tiers de la population active (chiffres de l’INSEE). Mais la réalité est pire, vu que les nombreux travailleurs occasionnels n’entrent pas dans cette comptabilité, ni du reste les travailleurs à mi-temps ou à temps partiel. Le chiffre le plus effarant est celui de 52% de gens vivant sous le seuil de pauvreté (880€/ mois) : de fait, le salaire moyen excède rarement le SMIC et beaucoup d’« actifs » ne travaillent qu’à temps partiel. Quant au RMI, 70000 personnes (grosso modo un dixième de la population) en bénéficiaient en décembre 2007 (pas de chiffres publiés plus récemment).
Hormis le BTP, peu de secteurs sont susceptibles d’offrir des emplois. La fin du chantier de la « Route des Tamarins » (voie rapide « par les hauts » entre le Sud et Saint-Paul ; projet subventionné par la Région, l’État et l’Europe) mettra prochainement sur le carreau de nombreux travailleurs. Le projet du « tram-train » entre Saint-Paul et Saint-Denis est plus ou moins en panne. La nouvelle « route du littoral » (qui aurait dû doubler l’actuelle route de corniche reliant l’Ouest à Saint-Denis) n’est pas pour demain non plus (trop de problèmes liés à la climatologie et à la texture géologique). Même si l’on continue à construire n’importe où et n’importe comment, ce en rognant sur les terrains agricoles, voire sur le domaine littoral, des habitations fort coûteuses, mais « défiscalisables » (La Réunion est parmi les départements comptant le plus de « résidents » soumis à l’IGF), les effets sur l’emploi sont minimes, vu le recours quasi systématique à la main d’œuvre « au noir ».
La Région mise beaucoup sur le tourisme (le tourisme de luxe : pas un seul camping en bordure du lagon…). À cet égard, la concurrence de Maurice sera difficile à rattraper ; de toute façon les retombées pour la population seront nulles ou quasiment nulles, comme partout ailleurs. L’industrie sucrière (la seule industrie « endémique ») est quasiment coulée : Dechâteauvieux — l’un des gros « zozos » de l’île (zozo = béké aux Antilles)— a depuis longtemps sacrifié ce secteur pour concentrer ses activités sur l’import-export et la grande distribution). C’est là le paradoxe : La Réunion ne produit ni n’exporte quasiment rien et importe tout ! L’ « octroi de mer » perçu par la Région est certes une source importante de revenus fiscaux, mais ce n’est pas ce qui explique la majoration de 30 à 50% par rapport aux prix de la métropole sur l’ensemble des produits importés : diverses mafias sont en cause à l’échelle du transport et de la distribution. Hormis la grande bourgeoisie qui peut continuer à rouler en Porsche et à jouer au golf (peu importe que la pénurie d’eau soit un problème récurrent), personne ne s’en sort. Pas même les fonctionnaires, malgré leurs 35% de majoration salariale (majoration officiellement destinée à réduire le différentiel des prix entre l’outremer et la métropole ; elle est perçue par tous les fonctionnaires, îliens comme métropolitains). Le scandale n’est pas que les fonctionnaires en bénéficient (comme le claironnent ici certains démagogues UMP ou apparentés), mais que tous les Réunionnais ne soient pas logés à la même enseigne. Il faut préciser que le montant des loyers et le prix d’achat du m2 en ville sont les mêmes qu’à Paris. S’agissant des loyers, ils sont pour les travailleurs réunionnais isolés ou les étudiants, et plus encore pour les migrants (Malgaches, Comoriens, Mahorais), hors d’atteinte.

Qu’est-ce qui a mis le feu aux poudres ?
Patrice: Le feu couve encore. Disons que la question de la cherté de la vie est fédératrice. Des enquêtes ont montré que les produits de consommation courante étaient de 30 à 50% plus élevés qu’en métropole (« Que choisir ? »). Malgré des tentatives d’« enfumage » (mise en place d’un « Observatoire des prix », gadget du « chariot-type » : suivi mensuel des prix d’une cinquantaine de produits de marque piloté par la préfecture et la grande distribution, et relayé par la presse locale), les prix ont globalement augmenté de 2,6% en 2008. Avec des pics sur les produits les plus consommés par les Réunionnais : + 43% pour le riz ; + 30% pour l’huile.
Le mouvement des transporteurs autour du coût du carburant en novembre 2008 a joué un rôle important (voir les suites en Guyane et aux Antilles) : blocage des routes pendant deux semaines, partant de toute l’économie de l’île. Le préfet a, dans cette affaire, habilement manœuvré, réussissant à imposer, sans que cela coûte un centime à l’État, une baisse de 20 centimes / litre, payée, moitié par les compagnies pétrolières, moitié par la Région... Ce qui de toute façon n’est rien, vu que le prix du brut a dans l’intervalle chuté des deux tiers, sans répercussion à la pompe. Ni sur le prix des liaisons aériennes…
La position de monopole occupée par la grande distribution (Carrefour, Euromarché, Score, Casino) est désastreuse pour tous les commerces de proximité qui ferment les uns après les autres ; les prix fixés par les grandes surfaces servant de référence aux prix du marché local (fruits, légumes, etc.). Comme les gens sont surendettés (loyers, crédits multiples, agios bancaires, etc.), il ne reste plus rien à rogner. Signe du désarroi général : La Réunion est la région qui rapporte le plus d’argent à la Française des Jeux (l’équivalent du RMI !).

Quelles formes prend la lutte ?
Patrice: Un Collectif unitaire contre la vie chère (COSPAR) a été créé le 11 février dernier, se fixant quatre objectifs : hausse de 200€ nets des salaires, des revenus sociaux, des retraites et des bourses universitaires ; baisse de 20% du prix des produits de consommation courante ; gel des loyers sociaux et baisse des prix des carburants, dont 5€ sur la bouteille de gaz. Ce collectif est, bien sûr, composite : partis politiques (PCR, PSR, PS, Les Verts, LO, NPA Réunionnais, Parti de Gauche…), syndicats (CGTR, Solidaires, FSU, FO, SAIPER, UNEF…) ; associations (AC chômage, Agir pou Nout Tout, Union des Femmes Réunionnaises, ATTAC, ATD Quart Monde…).
Des actions ponctuelles ont déjà été menées dans les grandes surfaces (blocage aux caisses, par exemple) ; actions relayées par les étudiants. Une grève générale est prévue pour le 5 mars avec une grande manifestation à Saint-Denis ; le Collectif appelle aussi à participer à la Journée nationale d’action du 19 mars...

En Amérique latine ...
Au Venezuela la "méthode" Chavez dure depuis 10 ans, et le bilan est plutôt positif sur bien des plans. Salim LAMRANI nous le rappelle dans un article récent publié sur le site du Cercle bolivarien de Paris sous le titre: 1998-2008 - Une révolution économique et sociale Bilan décennal du Président Hugo Chávez.
"Depuis son élection en 1998, Hugo Chávez a entrepris une vaste transformation économique et sociale au Venezuela dans le but d’améliorer le niveau de vie d’une population qui cultivait le paradoxe d’habiter dans l’un des pays les plus riches du continent américain et d’être en même temps plongée dans une singulière pauvreté...
La popularité du leader vénézuelien s’explique par les réformes économiques et sociales spectaculaires qui ont permis d’améliorer le niveau de vie de la population. Pourtant, rien n’a été simple pour Chávez. Victime en avril 2002 d’un coup d’Etat orchestré par Washington, il fut sauvé par une extraordinaire mobilisation populaire. Par la suite, en 2003, il a dû faire face à un sabotage des infrastructures pétrolières qui a coûté 10 milliards de dollars à l’économie nationale, et est toujours confronté à de multiples tentatives de déstabilisation...
Le Venezuela est la preuve même qu’un gouvernement peut rapidement contribuer à une réduction drastique de la pauvreté et à améliorer sensiblement le bien-être de sa population, à condition à la fois de disposer de la volonté politique nécessaire et de destiner une partie des richesses nationales aux plus démunis. Caracas constitue la parfaite illustration du renouveau latino-américain où les peuples ont porté à la tête de plusieurs nations des leaders représentatifs de l’intérêt général, avec une réelle volonté politique de mettre un terme aux inégalités qui dévastent le continent. A l’heure où l’économie mondiale est frappée par une crise financière sans précédent, le Venezuela est porteur d’une alternative crédible au néolibéralisme sauvage.
(lire l'article complet sur http://cbparis.over-blog.com/article-29363856.html )

20 février 2009

La crise...quelle crise ?


A mi-parcours de notre séjour africain


Dans nos premiers articles, nous avons raconté comment nous avons vécu le passage « rapide et brutal » entre Paris et Richard Toll...
Dans ce nouvel article, nous allons tenter de montrer en quoi notre experience « africaine » nous influence profondément dans notre façon de penser.

1) Sur les occidentaux et leurs rapports à l'Afrique et aux Africains.

En gros, il y a trois types de « toubabs » (c'est à dire de « Blancs ») en Afrique :

- Ceux qui sont en Afrique pour y faire des affaires ou parce qu'on y gagne bien sa vie; j'inclus dans cette catégorie les ex colons, et les néo-colons (c'est à dire ceux qui bénéficient du système de néo-colonialisme mis en place après les Indépendances).
Quels sont les traits commun à cette catégorie ?
-ils gagnent plus d'argent en Afrique qu'ailleurs (et souvent n'investissent pas ou très peu en Afrique même);
-leur statut est essentiellement conditionné par le fait qu'ils sont blancs, au moins occidentaux ou (pour les ex colons) parce qu'ils sont héritiers;
- de ce fait, persuadés qu'ils sont là légitimement (en ce qui concerne les héritiers d'ex colons, sans se poser la question de l'origine de leurs droits de propriété) ou, qu'ils sont là « pour leurs compétences techniques » (en ce qui concerne les néo-colons), tous en tout cas développent un fort « sentiment de supériorité »...par rapport aux Africains, « complexe de supériorité » qui s'accommode très bien du racisme fondamental sur lequel s'appuie le système. Pour paraphraser La Fontaine « tous n'étaient pas racistes, mais tous étaient touchés ».

- Ceux qui sont en Afrique parce qu'ils veulent « aider » les Africains : Des ex tiers-mondistes, venus y travailler après les Indépendances aux « bénévoles » d'aujourd'hui (y compris ceux d'Agir) qui viennent apporter leur assistance technique, en passant par les humanitaires « sans frontières » : ils sont un rouage essentiel du système...parce qu'ils servent de caution « humaniste » aux prédateurs qui sont en Afrique uniquement pour en exploiter les richesses.

- Ceux qui sont en Afrique, comme ils seraient ailleurs dans le Monde, parce que pour une raison ou pour une autre ils y ont trouvé une activité « utile » (en tout cas pour eux); dans cette catégorie on peut ranger les « touristes », les scientifiques (genre anthropologues etc...); les voyageurs; et puis il y a « nous » – qui nous disons « citoyens du monde » - du vaste monde, et donc aussi de l' Afrique !
Inde, Amérique, Europe,Afrique...le citoyen du Monde est en principe, partout « chez lui »...à partir du moment où l'autochtone accepte de l'accueillir !
(Toutefois, pour en revenir à notre situation, vous n'aurez pas manqué de remarquer que derrière les mots, il y a une certaine incertitude concernant notre statut personnel: en effet, en réalité, ici à RT nous sommes autant dans la 2è catégorie (entre les tiers mondistes et les humanitaires!) que dans la 3è (citoyens du monde)

2) Sur l'Occident et la mondialisation

A travers le programme d'histoire et géographie du collège, nous avons découvert un des plus importants canaux de la propagande idéologique déversée par les classes dominantes.
La propagande pour faire accepter le système, on le sait, doit commencer tôt. L'école en est un des vecteurs principaux.
La famille est un des lieux principaux de la socialisation, en ce qui concerne les premières années. C'est vrai que c'est dans la famille qu'on apprend le respect de la hierarchie, l'obéissance aux anciens et les principes moraux de base (faut pas mentir, faut pas voler...) etc...
Mais l'Ecole a un rôle capital dans la consolidation de cet apprentissage de la socialisation...
et c'est finalement l'Ecole qui va former les cerveaux du point de vue du contenu idéologique...
Par exemple en Histoire-Géo avez vous suivi les études de vos gamins lorsqu'ils étaient en 6è,5è,4è ?

Qu'est ce qui nous frappe ?
En premier, le point de vue uniquement occidentalo-centriste de l'histoire et de la géographie ! Par rapport à mon époque l'étude de l'histoire et de la Géographie a certes été élargie à l'ensemble de l'Europe (alors qu'à mon époque c'était encore très franco français), à l'ensemble du monde même en ce qui concerne la géographie...mais que d'horreurs sont écrites sur l'Afrique, continent « désespérement pauvre » et « sous développé », ou sur la Chine et l'Inde...En gros tous les pays sont comparés à l'aune des grandes réussites de la civilisation occidentale (Développement économique, culture, triomphe de la Démocratie...) : Tout ce qui est en amont de cette brillante civilisation occidentale (dont le triomphe au XXè siècle est marqué par deux magnifiques guerres mondiales...) : L'origine de cette civilisation, l'origine du capitalisme occidental, c'est à dire la colonisation génocidaire du continent américain dès le XVI è siècle, puis la colonisation du reste du monde aux XVII et XVIIIè siècles par quelques petits pays occidentaux, qui a conduit à la mondialisation actuelle, à la destruction écologique de la planète, à l'uniformisation du monde et à la disparition de centaines de civilisations...etc...
Tous ces aspects « négatifs » de la mondialisation, de l'occidentalisation du monde (pour reprendre une expression qui n'est pas de moi)...sont complètement occultés dans les programmes d'histoire-Géo, ce qui fait qu'en définitive les gamins n'ont aucune arme idéologique pour avoir un regard critique sur cette civilisation occidentale!
Et c'est ce modèle là qu'on continue à nous vanter...malgré son échec flagrant ! (la crise actuelle du capitalisme en est pourtant un signe compréhensible par tous)
Et la supercherie est encore plus évidente en Afrique : ce qu'on appelle développement ici...c'est vouloir imiter l'Europe et les européens !

-Une deuxième chose nous a choqué : c'est l'impasse quasi totale qui est faite dans les programmes sur les autres civilisations, non occidentales...
"L'antiquité" reste dominée par les civilisations qui se sont développées autour de la Méditerrannée et de toute façon on passe tellement vite que les gamins n'y comprennent rien....
Et dès qu'on quitte l'empire Romain (Un Empire vieux de plusieurs siècles qui disparaît en quelques dizaines d'années! ça devrait faire réflechir), on se recentre sur l'Europe, c'est le début du Moyen Age qui commence (Vè siècle ap JC)...et jusqu'au XVIIIè siècle l'Histoire – dans les livres de l'Education Nationale française - se déroule uniquement du point de vue Occidental...
pour ces soit disant « historiens » il n'y a plus qu'une seule civilisation; si ça n'est pas de la propagande idéologique !

3) Sur la crise du système capitaliste

2 émissions récentes ont été consacrées à la question, à « Là-bas si j'y suis »...
-Le Krach parfait (1)
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1619

-Le krach parfait (2)

Il s'agit d'un entretien avec Ignacio Ramonet autour de son livre "Le krach parfait".
Ancien directeur du Monde Diplomatique, Ignacio Ramonet décrit comment se sont mis en place depuis plusieurs décennies, les éléments qui ont favorisé l’explosion de la crise qui sévit depuis l’automne 2008.
Il analyse les éventuelles conséquences, sociales et géopolitiques, qui pourraient résulter de ce krach, et propose une liste de mesures pour refonder l’économie sur des bases plus démocratiques.
NB: Selon Ignacio Ramonet, on en n'est qu'au début de la crise....