22 novembre 2008

A l'école Jacques Mimran de la CSS


Photos: Avec nos élèves respectifs, à l'école de la Compagnie Sucrière Sénégalaise

Notre mission à l'Ecole J.Mimran de Richard Toll

Ici, nous faisons l'école à des enfants de cadres africains à qui la Cie Sucrière Sénégalaise (CSS) offre « l'école française » par le biais du CNED (Centre National d'Enseignement à Distance); cf Site officiel du Cned

Un changement de vie radical, puisqu'on s'est retrouvés dès le 1er jour, « confrontés » à une trentaine de marmailles...qui comptent sur nous pour...les faire passer dans la classe supérieure!

L'ambiguité de notre mission d'éducation

Officiellement, nous ne sommes pas des « profs », nous sommes des répétiteurs; nous sommes juste chargés de « faire passer » le programme du Cned, c'est à dire d'aider les enfants à assimiler les cours du Cned et surtout de les aider à faire les exercices et à rendre les devoirs (2 devoirs par mois).
Le problème, qu'on a vite compris, c'est que ce statut de répétiteur était assez « théorique », et finalement plutôt ambigu.

Le Cned présuppose que les enfants qui suivent leurs cours le font parce qu'ils ne peuvent pas être scolarisés normalement (parce qu'ils sont à l'étranger, malades, en voyage etc...), qu'ils sont « isolés » mais « soutenus » par leurs parents. Or ici ça n'est pas vraiment la situation :
les familles de nos élèves africains (qui représentent la très grosse majorité des effectifs) sont souvent installées depuis de nombreuses années, et considèrent l'école de l'entreprise comme une structure normale de scolarisation (une école privée certes, mais où est enseigné le programme officiel de l'éducation nationale française et donc, à priori meilleur que celui de l'école, publique ou privée, sénégalaise); ils nous considèrent comme des profs; et – sauf exception – ils ne s'investissent pas du tout dans le soutien scolaire à leurs enfants. Donc en fait on fait à la fois "les profs" et on remplace les parents dans leur rôle de "répétiteurs"!!

En outre le Cned est un service de l'Education nationale française; cf l'article de Wikipedia sur le CNED
Cet organisme s'adresse en principe à un public de nationalité française, qui veut suivre le cursus normal de l'école française, pour pouvoir un jour ou l'autre retourner dans le circuit normal de scolarisation des jeunes français (sauf dans le cas des publics étrangers qui veulent apprendre le français, mais c'est un autre cas de figure).
Or ici nous avons affaire à des petits africains (pas tous sénégalais, il y a aussi des ivoiriens, des camerounais, des mauriciens...), dont la plupart n'iront probablement jamais en France pour faire des études, qui vivent dans un environnement très fermé (dans un ghetto pour riches africains) et qui sont donc très moyennement motivés par la scolarisation...en gros, comme pour la majorité des enfants des classes aisées en France, l'école ça les fait suer, ils trouvent plus d'intérêt à jouer dehors avec les copains, ou à la maison avec l'ordinateur!

A vrai dire, ce pb de démotivation des enfants se pose plus avec les matières dites littéraires (français, histoire et géo), car l'idéologie y est beaucoup plus « prégnante »...et d'ailleurs, au collège (6è,5è,4è) les 9/10° des élèves disent préférer les matières dites scientifiques.

Et pour être tout à fait francs, souvent on les comprend : ce sont encore des enfants, complètement a-culturés, africains, vivant en Afrique, mais ne connaissant pas l'Afrique, comme hors-sols dans leur pays...et ne connaissant pas non plus la France (et l'Europe), alors que la civilisation occidentale est au coeur des programmes de l'éducation nationale française. L'idéologie occidentale est extrêmement présente dans les programmes...et ces enfants ne comprennent absolument pas l'intérêt d'absorber toutes ces « connaissances » qui leur paraissent inutiles!

Dernier pb : pour nous, c'est pas facile tous les jours de voir ces "petits" privilégiés rechigner devant les devoirs à la maison...alors qu'à quelques centaines de mètres, de l'école de "la Cité" la majorité de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, dans un environnement très "sahélien", peu d'eau, pas ou très peu de jardins, beaucoup d'enfants ne vont pas à l'école parce que c'est trop cher pour leurs parents...
A exactement 100 m de la Cité s'est ouvert un collège public il y a un an...où les enfants sont à 60 par classe.

13 novembre 2008

Richard Toll, Sénegal : Premières impressions...


1ère photo : Premier brulage de la canne, dans les plantations de la CSS
2è photo : Le marché du samedi, ds un petit village des environs de Richard Toll

Quel choc de passer en quelques jours de Paris (France) à Richard Toll (Sénégal)...et pas seulement pour une question de climat!

Nous allons tenter d'expliquer dans quel cadre nous nous trouvons et pourquoi nous allons passer les 8 prochains mois dans une petite ville du Nord du Sénegal, à la frontière de la Mauritanie.
Cf article fleuve Sénégal : sur wikipedia.org.

Sénegal : Premières impressions...

Depuis 1 mois 1/2, nous avons donc commencé de nouvelles aventures...africaines!
Nous vivons au Sénégal, un pays d'Afrique de l'Ouest (où le français est une des langues officielles...héritage de notre histoire coloniale !)...et la zone géographique où nous vivons c'est le Sahel...càd beaucoup de soleil...très peu de pluie...zone semi desertique...un climat rude pour les « humains » : la petite ville où nous habitons, plutôt un gros village, Richard Toll - http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard-Toll , se trouve au bord du fleuve Sénegal, donc dans un endroit où il n'y a pas trop de pb d'eau douce...et pourtant, la très grande majorité de la population ne dispose pas de l'eau potable à la maison...
Ca n'est pas notre cas, heureusement...car nous vivons dans une enclave privée, un petit gheto pour privilegiés, à la limite du village officiel.
Le propriétaire de cette « cité des cadres de la CSS » (c'est le nom officiel), est une entreprise privée, qui s'appelle la Compagnie Sucrière Sénégalaise (filiale du groupe MIMRAN).Cette entreprise s'est installée il y a une trentaine d'années dans la région, cultive des milliers d'hectares de canne à sucre et transforme la canne en sucre; en principe ils devraient assurer l'autosuffisance en sucre du Sénégal; en réalité, il en manque encore beaucoup...
ceci dit, c'est une très grosse industrie locale, c'est même la seule vraie Usine de la région, et l'Entreprise est de loin le plus gros employeur de Richard Toll (agriculture et Usine sucrière, ça doit représenter + de 5000 personnes) : En pratique la ville de Richard Toll « appartient » à la CSS...pas juridiquement, bien sûr; mais comme les pouvoirs publics sont extrèmement « défaillants », dans la réalité, la ville dépend entièrement de la CSS...

Et nous, qu'est ce qu'on vient faire ici ?
On avait signalé dans notre blog, il y a quelques mois, qu'on avait adheré à une association de « retraités et préretraités » qui assure – en France et à l'étranger - des « missions » de « coopération et développement »...cf l'article de juin 2008 http://edwigeetetienne.blogspot.com/2008/06/propos-dagirabcd.html
AGIRabcd – c'est le nom de l'association - intervient ici, à Richard Toll pour « gérer » l'école de la compagnie sucrière, qui assure – de la maternelle à la 3è – l'éducation des enfants des cadres de la compagnie.

La CSS – pour attirer sur du long terme des cadres administratifs ou techniques – doit leur fournir un certain nombre « d'avantages en nature » : la fourniture d'une « villa » (ici, contrairement à la Réunion, le mot « case » est réservée pour les « habitations » des petits villages de brousse...), et la possibilité de scolariser leurs enfants dans le système éducatif français, fait partie de ces avantages en nature « octroyées » par la CSS à ses cadres.
Et nous, les « enseignants », (6 personnes d'AGIR) - bénévoles de l'association, non « salariés » de l'entreprise, donc non rémunérés, mais tout de même « logés-nourris » par l'entreprise – nous bénéficions des mêmes avantages en nature que les cadres.
Ces cadres, ils sont, parfois français – comme le Patron et le Directeur Général – mais aussi, Sénégalais, Ivoiriens, Camerounais...ou Mauriciens.

L'ambiance, pour nous est un peu bizarre, car nous « travaillons » pratiquement comme des enseignants « normaux » d'un petit village en France (càd, peu d'élèves par niveau, et plusieurs niveaux par enseignant), mais en dehors de nos 30 heures de présence hebdomadaire à l'école, nous nous sentons un peu cloîtrés, à l'interieur de notre guetto de luxe!!
C'est pourquoi, dès que nous avons quelques moments de libre, nous sortons de la « cité de la CSS », pour voir la vraie vie...de la population locale!

Nos premières sorties feront l'objet du prochain article...